FESTIVAL OF THE SUPREME BEING -
PARIS, JUNE 8, 1794
Captured by Pierre-Antoine Demachy
La Fête de l'Être Suprême
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Maximilien de Robespierre.
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the Festival of the Supreme Being.
It follows the French full text transcript of Maximilien de Robespierre's two speeches on
occasion of the Festival of the Supreme Being, delivered in
the Tuileries Gardens, Paris, France - June 8, 1794.
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Premier Discours de Robespierre |
Français républicains, il est enfin arrivé ce
jour à jamais fortuné que le peuple français
consacre à l'Etre-Suprême! Jamais le monde qu'il
a créé ne lui offrit un spectacle aussi digne de
ses regards. Il a vu régner sur la terre la
tyrannie, le crime et l'imposture: il voit dans
ce moment une nation entière aux prises avec
tous les oppresseurs du genre humain, suspendre
le cours de ses travaux héroïques pour élever sa
pensée et ses vœux vers le grand Etre qui lui
donna la mission de les entreprendre et la force
de les exécuter!
N'est-ce pas lui dont la main immortelle, en
gravant dans le cœur de l'homme le code de la
justice et de l'égalité, y traça la sentence de
mort des tyrans? N'est-ce pas lui qui, dès le
commencement des temps, décréta la république,
et mit à l'ordre du jour, pour tous les siècles
et pour tous les peuples, la liberté, la bonne
foi et la justice?
Il n'a point créé les rois pour dévorer l'espèce
humaine; il n'a point créé les prêtres pour nous
atteler comme de vils animaux au char des rois,
et pour donner au monde l'exemple de la
bassesse, de l'orgueil, de la perfidie, de
l'avarice, de la débauche et du mensonge; mais
il a créé l'univers pour publier sa puissance;
il a créé les hommes pour s'aider, pour s'aimer
mutuellement, et pour arriver au bonheur par la
route de la vertu.
C'est lui qui plaça dans le sein de l'oppresseur
triomphant le remords et l'épouvante, et dans le
cœur de l'innocent opprimé le calme et la
fierté; c'est lui qui force l'homme juste à haïr
le méchant, et le méchant à respecter l'homme
juste, c'est lui qui orna de pudeur le front de
la beauté pour l'embellir encore; c'est lui qui
fait palpiter les entrailles maternelles de
tendresse et de joie; c'est lai qui
baigne de larmes délicieuses les yeux du fils
pressé contre le sein de sa mère; c'est lui qui
fait taire les passions les plus impérieuses et
les plus tendres devant l'amour sublime de la
patrie; c'est lui qui a couvert la nature de
charmes, de richesses et de majesté. Tout ce qui
est bon est son ouvrage, ou c'est lui-même: le
mal appartient à l'homme dépravé qui opprime ou
qui laisse opprimer ses semblables.
L'auteur de la nature avait lié tous les mortels
par une chaîne immense d'amour et de félicité:
périssent les tyrans qui ont osé la briser!
Français républicains, c'est à vous de purifier
la terre qu'ils ont souillée, et d'y rappeler la
justice qu'ils en ont bannie! La liberté et la
vertu sont sorties ensemble du sein de la
Divinité: l'une ne peut séjourner sans l'autre
parmi les hommes. Peuple généreux, veux-tu
triompher de tous tes ennemis? Pratique la
justice, et rends à la Divinité le seul culte
digne d'elle. Peuple, livrons-nous aujourd'hui
sous ses auspices aux transports d'une pure
allégresse! Demain, nous combattrons encore les
vices et les tyrans; nous donnerons au monde
l'exemple des vertus républicaines, et ce sera
l'honorer encore!
Second Discours de Robespierre
Il est rentré dans le néant, ce monstre que le
génie des rois avait vomi sur la France! Qu'avec
lui disparaissent tous les crimes et tous les
malheurs du monde! Armés tour à tour des
poignards du fanatisme et des poisons de
l'athéisme, les rois conspirent toujours pour
assassiner l'humanité: s'ils ne peuvent plus
défigurer la Divinité par la superstition, pour
l'associer à leurs forfaits, ifs s'efforcent de
la
bannir de la terre pour y régner seuls avec le
crime.
Peuple, ne crains plus leurs complots
sacrilèges; ils ne peuvent pas plus arracher le
monde du sein de son auteur que le remords de
leurs propres cœurs! Infortunés, redressez vos
fronts abattus; vous pouvez encore impunément
lever tes yeux vers le Ciel! Héros de la patrie,
votre généreux dévoûment n'est point une
brillante folie; si les satellites de la
tyrannie peuvent vous assassiner, il n'est pas
en leur
pouvoir de vous anéantir tout entiers! Homme,
qui que tu sois, tu peux concevoir encore de
hautes pensées de toi-même; tu peux lier fa vie
passagère à Dieu même et à l'immortalité! Que la
nature reprenne donc tout son éclat, et la
sagesse tout son empire! L'Etre-Suprême n'est
point anéanti.
C'est surtout la sagesse que nos coupables
ennemis voulaient chasser de la république:
c'est à la sagesse seule qu'il appartient
d'affermir la prospérité des empires; c'est à
elle de nous garantir les fruits de notre
courage. Associons-la donc à toutes nos
entreprises! Soyons graves et discrets dans nos
délibérations, comme des hommes qui stipulent
les intérêts du monde; soyons ardents et
opiniâtres dans notre colère contre les tyrans
conjurés, imperturbables dans les
dangers, patients dans les travaux, terribles
dans les revers, modestes et vigilants dans les
succès; soyons généreux envers les bons,
compatissants envers les malheureux, inexorables
envers les méchants, justes envers tout le
monde; ne comptons point sur une prospérité sans
mélange et sur des triomphes sans obstacles, ni
sur tout ce qui dépend de la fortune ou de la
perversité d'autrui; ne nous reposons que sur
notre constance et sur notre vertu, seuls, mais
infaillibles garants de notre indépendance;
écrasons la ligue impie des rois par la grandeur
de
notre caractère, plus encore que par la force de
nos armes.
Français, vous combattez les rois; vous êtes
donc dignes d'honorer la Divinité! Etre des
êtres, auteur de la nature, l'esclave abruti, le
vil suppôt du despotisme, l'aristocrate perfide
et cruel t'outragent en t'invoquant; mais les
défenseurs de la liberté peuvent s'abandonner
avec confiance dans ton sein paternel!
Etre des êtres, nous n'avons point à t'adresser
d'injustes prières: tu connais les créatures
sorties de tes mains; leurs besoins n'échappent
pas plus à tes regards que leurs plus secrètes
pensées. La haine de la mauvaise foi et de là
tyrannie brûle dans nos cœurs avec l'amour de la
justice et de la patrie; notre sang coule pour
la cause de l'humanité: voilà notre prière,
voilà nos sacrifices, voilà le culte que nous
t'offrons!
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